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BENIN : Jumelage

                       UN APERCU SUR LA GENESE ET LES OBJECTIFS DU JUMELAGE GAP-EMBRUN – DASSA-ZOUME,
            SUR L’EGLISE DU BENIN ET SUR LE FONCTIONNEMENT D’UNE PAROISSE DANS LE DIOCESE DE DASSA-ZOUME


LA GENESE ET LES OBJECTIFS DU JUMELAGE

LA GENESE :
           
            Le projet de jumelage s’est inscrit dans l’histoire de Gap-Embrun. En effet, Mgr MALLE, pour pallier au problème de manque de prêtres dans son diocèse, s’est rapproché, entre autres de la congrégation pour l’évangélisation des peuples. De son entretien avec celle-ci, il en ressort que « Le conseil est d’éviter de faire venir des prêtres individuellement, dont la première demande n’est pas faite par leur évêque. Car ce sont alors les plus débrouillards qui arriveront à venir en France, voir les opportunistes qui voudront en faire une voie d’immigration, mais penser à un jumelage avec un échange possible dans les deux sens.
           
            Avec la volonté d’un surcroît de catholicité, Mgr Xavier MALLE a recherché un diocèse  qui n’était pas encore jumelé avec un autre diocèse français et, si possible, ayant sur son territoire un sanctuaire marial comme celui de Notre Dame du Laus pour le diocèse de Gap-Embrun. C’est alors que le diocèse de Dassa-Zoumé a été identifié comme répondant aux critères définis et présentant des caractéristiques proches de celles du diocèse de Gap-Embrun par sa ruralité et son sanctuaire marial. Des premiers contacts ont été établis en 2018 et 2019 avec Mgr François GNONHOSSOU, évêque du diocèse de Dassa-Zoumé.

            Une délégation du diocèse de Gap-Embrun a effectué une mission de reconnaissance et de découverte dans le diocèse de Dassa-Zoumé du 8 au 15 janvier 2020. Cette mission a confirmé qu’un projet de jumelage construit sur un échange équilibré était possible et désiré par les deux parties. Après deux années marquées de crise sanitaire mondiale mais au cours desquelles des échanges entre les deux diocèses se sont poursuivis, notamment par l’envoi d’un prêtre « Fidei Donum » dans le diocèse de Gap-Embrun. Aussi, une délégation du diocèse de Dassa-Zoumé a-t-elle, à son tour, effectué un voyage de reconnaissance et de découverte du diocèse de Gap-Embrun.

            Lors de cette visite, une « lettre d’intention en vue d’un jumelage » a été co-signée le 21 septembre 2022 par Mgr François GNONHOSSOU et Mgr Xavier MALLE.

 
LES OBJECTIFS :

            L’objectif principal du projet est d’ouvrir nos diocèses respectifs à l’universalité de l’amour de Dieu : vivre une communion au-delà des frontières et une fraternité entre des peuples aux cultures différentes, participer ensemble à la mission de l’Église d’annoncer l’Évangile et ainsi, manifester d’avantage la catholicité de l’Église du Christ. Nous croyons en l’Église une, sainte, catholique et apostolique ; ce jumelage nous permettra de renforcer notre foi.

            La vie du jumelage pourrait être bâtie sur trois axes :

            La rencontre et la découverte : nous découvrir sur le plan humain.
Par des échanges et des visites réciproques, nous apprendrons à nous connaître dans nos cultures différentes et à nous reconnaître comme des frères et sœurs.
Le jumelage permet une ouverture d’esprit de tous les chrétiens du diocèse, un enrichissement des cœurs et des âmes, par la rencontre
d’une autre culture d’un autre continent
et aussi d’une autre manière d’être église.

            La fraternité : nos rencontres seront celles de deux Églises unies dans l’unique Famille du Christ.
Notre communion s’exprimera et grandira par :
un soutien spirituel mutuel par la prière,
un soutien pastoral mutuel ; l’adjectif pastoral étant entendu au sens large.

            L’annonce de l’Évangile : Nos communautés pourront se soutenir et s’encourager, et progressivement s’évangéliser mutuellement et évangéliser ensemble : nos communautés ecclésiales s’engageront ensemble dans l’unique et commune mission d’annoncer et de vivre l’Évangile. En effet, nos deux diocèses se sentent conjointement responsables de la mission reçue du Christ. Nous aurons à cœur de partager nos difficultés et nos joies dans l’annonce de l’Évangile, ainsi que nos énergies et nos moyens.
Pouvons-nous réécrire ces objectifs en commun ?


BREF APERCU DU BENIN ET DE SON EGLISE

1- LE BENIN : SITUATION GEOGRAPHIQUE ET CLIMAT 

            Le Bénin est une ancienne colonie de la France, qui a accédé à son indépendance le 1er août 1960. Le Bénin (officiellement la république du Bénin , l’ancien Dahomey) est un pays d’Afrique occidentale d’une superficie de 112 622 km², limité au nord par le Niger, à l’est par le Nigeria, au sud par l’océan Atlantique, à l’ouest par le Togo et au nord-ouest par le Burkina Faso. Le Bénin est situé en Afrique de l’Ouest dans la zone tropicale entre l’équateur et le tropique du Cancer. Le pays s’étend de l’océan Atlantique au fleuve Niger sur une longueur de 700 km; la largeur varie de 125 km (le long de la côte) à 325 km. La population du Bénin est d’environ 12536540 habitants soit49,5% masculins et 50,7% féminin d’après les statistiques de 2021.

            Le Bénin possède deux types de climat :
Au sud, un climat équatorial avec une forte humidité. Alternance de saisons sèches (de novembre à mars et de mi-juillet à mi-septembre) et de saisons des pluies (d’avril à mi-juillet et de mi-septembre à octobre).
Au centre et au nord, un climat tropical. Une saison sèche de novembre à avril et une saison des pluies de juin à septembre.
L’harmattan, vent chaud et sec en provenance du Sahara, souffle sur toute l’étendue du territoire pendant la saison sèche.
À Cotonou, les températures ont une faible amplitude : les maximales varient de 28 à 32°C et les minimales de 23 à 26°C. La pluviométrie annuelle dans cette ville est de 1245 mm.

 
2- BREVE HISTOIRE DE L’EGLISE DU BENIN :

            *Les débuts de l’évangélisation :

            Les premiers missionnaires de l’époque moderne débarquèrent sur la plage de Ouidah le 18 avril 1861. En effet, le 28 Août 1860, sur les insistances du successeur de Monseigneur de Marion de Brésillac, Fondateur de la Société des Missions Africaines (SMA), la Propaganda Fide confia l’évangélisation du Dahomey à la SMA qui y envoya l’année suivante ses premiers missionnaires : les Pères Borghero et Fernandez. Ainsi débuta la grande aventure de l’évangélisation du Dahomey.

            La Nouvelle de Jésus-Christ, en dépit des réelles difficultés d’ordre politique, culturel, climatique…atteignit d’abord les agglomérations importantes du littoral comme Porto-Novo, Grand-Popo, Agoué, Athiémé. Puis, progressivement, l’hinterland, avec l’installation de l’administration coloniale et le développement des infrastructures de transport, notamment les routes, bénéficia de l’annonce de l’Evangile.
24 Juin 1883, le Dahomey, détaché du Togo et du Nigéria, devient Préfecture Apostolique, puis Vicariat Apostolique le 15 Mai 1901.

            Devinant l’heureux fruit que produirait « l’apostolat de l’indigène par l’indigène », le Saint Siège avait décidé la création du clergé indigène dans les pays de mission. La mise en œuvre de cette vision fut l’œuvre de Monseigneur François STEINMETZ, devenu Vicaire Apostolique du Dahomey le 18 Avril 1906. Un Séminaire naquit en 1913, « la Ferme Jeanne d’Arc » qui dut fermer en 1917 à cause de la première guerre mondiale, puis rouvert en 1920 : ce fut le cocon de l’actuel Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah, terrain privilégié de germination du clergé indigène avec l’ordination du premier prêtre dahoméen le 15 août 1928 : le Père Thomas MOULERO.

            En ce premier prêtre, le Divin Maître se multiplia pour continuer sa mission. Petit à petit, cette vigne de Dieu grandit et commença à prendre son destin en main. Le clergé indigène mûrissant, prenait lentement la relève. Et ce fut une immense joie pour Mgr Louis Parisot de voir, un fils du pays, le P. Bernardin GANTIN, le futur Cardinal Bernardin, aujourd’hui, d’illustre mémoire, lui succéder sur le siège archiépiscopal de Cotonou le 17 mars 1960, celui-là qui déjà le 11 décembre 1956 était nommé Evêque auxiliaire du Dahomey par le Pape Pie XII.

            Aujourd’hui, L’Eglise Catholique au Bénin compte 08 diocèses et 02 archidiocèses avec un épiscopat entièrement autochtone. La vitalité de cette Eglise rend hommage à ces vaillants missionnaires qui, du haut de la patrie céleste, doivent être à chanter de joie et de fierté en voyant les merveilles de la grâce du Maître Divin.


            *L’Eglise du Bénin aujourd’hui : Le bel héritage des missionnaires

            Répartis dans les 10 diocèses, les fidèles animent les communautés paroissiales en pleine expansion. Il existe sur les paroisses des mouvements, des associations et des groupes de prière ou de dévotion. L’on retrouve également les mouvements de la Sainte Enfance et de la jeunesse qui participent à la vie paroissiale.

            Un regard sociologique fera apparaître l’Eglise au Bénin surtout comme l’Eglise des enfants, des jeunes et des femmes. 
Au service du peuple de Dieu au Bénin, on a l’équipe des agents pastoraux composée des prêtres diocésains, des instituts religieux et sociétés de vie apostolique, des catéchistes bénévoles. 

            Cette équipe dirigeante, pour ainsi dire, est en constante croissance depuis plusieurs décennies, et cela constitue un grand motif d’espérance pour l’avenir. Toutefois la tâche pastorale a lieu sur des terrains très difficiles constitutifs, eux-aussi, du legs des Pères missionnaires à la nouvelle génération. De fait, lorsque nos Pères dans la foi sont arrivés au Bénin, ils ont été diversement accueillis par quatre milieux :

• Un milieu naturel hostile, avec son lot de maladies tropicales qui avaient déjà emporté le Fondateur des SMA et aussi le troisième compagnon des Pères Borghero et Fernandez, le Père …. ; ce milieu n’a pas disparu aujourd’hui au Bénin. Même dans un diocèse comme celui de Cotonou, la capitale économique en expansion démographique et urbaine, il existe des zones physiquement éprouvantes pour la mission. Que dire alors des diocèses du centre et du septentrion pour la plupart encore ruraux ?
A l’instar des jeunes missionnaires qui venaient  semer la Parole qui a germé sur notre terre, malgré un environnement naturel pénible, de nombreux jeunes sont aujourd’hui interpellés par une Afrique pauvre, une Afrique aux conditions difficiles. Sauront-ils répondre avec la même générosité ?

• Un milieu royal globalement opposé à l’œuvre de l’évangélisation. Les gardiens des traditions ancestrales n’acceptaient pas que la nouvelle religion vienne détourner le cœur des fils de leurs ancêtres. Les gestionnaires des traditions ancestrales conservent une grande influence sur les structures de la parenté. Comme Eglise, il faut pouvoir composer avec cette structure sociale dans l’œuvre de l’évangélisation pour ne pas exposer les individus au syncrétisme ni au suicide téméraire sous la forme d’une opposition frontale aux dépositaires de la tradition. L’Eglise au Bénin saura-telle prendre les moyens appropriés ?
 
• Un milieu chrétien en décrépitude. Les afro-brésiliens et les Portugais installés à l’époque à Ouidah, vers lesquels le Roi envoyait Borghero et ses compagnons, n’étaient pas des chrétiens exemplaires. Le commerce et l’appât du gain facile ainsi qu’un style de vie qui heurte la morale chrétienne constituaient plus un obstacle qu’un catalyseur pour l’évangélisation. S’il faut quitter la discipline traditionnelle et son sens aigu du sacré pour tomber dans ce genre de vie, beaucoup préfèreraient s’en tenir à la religion de leurs pères. Aujourd’hui encore, il y a des formes de pourrissement de la religion par l’argent et le pouvoir qui sont un lieu à évangéliser. Comme les premiers missionnaires, savons-nous aujourd’hui nous démarquer clairement des formes de compromission avec le monde et la mondanité ?

• Un milieu des pauvres et des enfants ouverts au témoignage de charité des missionnaires et à l’annonce de la Bonne Nouvelle. Puisqu’il a été demandé à Borghero d’exempter les sujets du Roi dans l’annonce de Jésus-Christ, les missionnaires pouvaient néanmoins laisser l’Evangile transparaître dans leurs actes en se faisant proches des pauvres conformément à la volonté du Seigneur. Ce signe de la charité chrétienne a été plus éloquent que tout autre discours. Aujourd’hui encore, d’une certaine manière et en premier lieu, c’est de ce signe que le Bénin a besoin devant la saturation des discours sur Dieu, sur Jésus-Christ et sur le Saint-Esprit. Les personnes en périphérie de l’Eglise veulent sentir la proximité des témoins de ce Dieu qui les aime.

Un deuxième détour qu’a pris l’évangélisation à ses débuts, est l’école. Les enfants, en recevant l’instruction, se donnaient les moyens d’accéder à la lumière de la raison. Ce faisant, ils étaient ainsi préparés aussi à recevoir la lumière de la foi. Devant un christianisme dévotionnel et à dominance émotionnelle, qui se développe dans certains milieux charismatiques, il y a lieu de promouvoir le dialogue Foi-raison, Foi-culture.


            *Quelques défis de l’Eglise du Bénin :

. Le défi de l’« encombrement des dieux »
L’un des phénomènes qu’il convient d’interroger chez nous n’est pas tant celui des formes d’incroyance que celui que nous percevons comme un « encombrement des dieux ». Il y a trop de « dieux » qui étouffent le paysage culturel africain. Il ne s’agit pas d’abord de la multiplicité des divinités reflétée dans les panthéons traditionnels mais plutôt de cette extraordinaire floraison des figures du Christ proposées par les sectes qui poussent comme des champignons dans les plus petits hameaux. Le nom de Jésus est sur toutes les lèvres. Mais le Jésus qui est proclamé est un Jésus Thaumaturge et Banquier. L’attitude qu’engendre cette situation est le syncrétisme ambiant que l’on observe aussi bien sur le versant traditionnel que sur le versant moderne, avec la nouvelle gnose, les groupes ésotériques dont l’art est, d’une part, de transformer en « ange de lumière » et d’autre part, sous des concepts philanthropiques, humanitaires, positifs, de vider la foi de leurs adhérents de sa référence au Christ vivant.
Beaucoup sont ceux-là qui vivent souvent dans la peur et dans la hantise de la sorcellerie. D’où le phénomène que l’on observe surtout sur la plupart des paroisses au Bénin : ce défilé à longueur de journée de personnes en quête de soutien spirituel. Elles accourent surtout aux assemblées de prière organisées par les mouvements et groupes charismatiques. Elles affluent aux séances de prière de libération et aux septénaires appelés « Prières de Jéricho »

. A cette fragilité anthropologique vient s’ajouter l’insécurité matérielle.

 . Le défi de la pauvreté :
L’Eglise au Bénin, depuis le temps des missionnaires, a toujours été proche des plus pauvres, travaillant à l’amélioration de leurs conditions de vie. Ce défi reste très actuel au regard des indicateurs économiques que présente le pays. Avec un secteur tertiaire hypertrophié et fortement dépendant du Nigéria (47,6% du PIB), une industrie embryonnaire et une agriculture très peu mécanisée, cette économie accuse un niveau de vulnérabilité des plus élevés. Le taux de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté  est un peu moins de 50%. Au regard de ces données, L’Eglise ne saurait se contenter de ce qu’elle fait déjà, elle doit aller plus loin.(Le prêtre en paroisse est au prise de ce défi au quotidien : assistances caritatives, soins hospitaliers…)


PRESENTATION RAPIDE DU FONCTIONNEMENT D’UNE PAROISSE DANS LE DIOCESE DE DASSA


Vue le temps imparti très court, nous allons indiquer les éléments essentiels du fonctionnement d’une paroisse.
            -Le prêtre et le conseil pastoral paroissial
            -Le prêtre et les catéchistes
            -Les célébrations liturgiques
            -L’accueil et la visite aux malades
            -Les ressources de subsistance
 

Le prêtre et le conseil pastoral paroissial
            Le prêtre a trois charges essentielles à savoir la sanctification, le gouvernement et l’enseignement qui fonctionnent ensemble. Pour l’aider dans cette triple charge, le conseil pastoral paroissial a été proposé.
            Le Conseil Pastoral Paroissial est un conseil prévu par le droit de l’Église (Canon 536 §1).C’est l’instance où des baptisés, représentant l’ensemble des fidèles de la paroisse, apportent leur concours à la réflexion, à l’élaboration du projet pastoral, à la mise en place des activités pastorales. Ce conseil est constitué à partir des délégations des différents groupes, associations et services de la paroisse. Il est présidé par le curé.( On y trouve un vice-président, deux secrétaires, deux organisateurs, deux conseillers, trois chargés des affaires économiques et trois sages. Notons que les sages sont des personnes influentes, respectables et respectés qui sont très efficaces dans la gestion des crises.)
            Dans un contexte comme le nôtre, le curé doit veiller à une meilleure collaboration sans laquelle la gestion de la paroisse peut lui échapper, ses initiatives seront battues en brèche. J’avoue que ce n’est toujours aisé.
 
Le prêtre et les catéchistes
            La catéchèse est le cœur de la pastorale paroissiale. Son organisation n’est pas facile à cause des différentes langues présentes dans le diocèse. Il y a quatre langues dominantes : le français, le yorouba, le fon et le idaacha. Selon les milieux, il y a trois langues présentes dans lesquelles le cours de la catéchèse est dispensé. Ainsi lorsque vous considérez une paroisse, il y a cinq classes de cours de catéchisme pour chaque langue. Cela implique la disponibilité des catéchistes pour assurer les cours dans chaque classe. Le pari n’est pas toujours gagné à chaque rentrée avec les départs et les arrivées dus aux affectations. Il se pose la question de la formation des catéchistes à qui il faut donner quelques outils pour l’enseignement de la catéchèse. L’essentiel est apporté avec la bonne volonté des uns et des autres pour que les catéchumènes soient accompagnés.
            A chaque paroisse, dans le diocèse de Dassa-Zoumé, sont liés des villages qu’on appellerait clocher ici et que l’on appelle stations secondaires. Ici, il faut souligner l’aide précieuse des catéchistes titulaires bénévoles. Ces derniers sont des responsables des communautés chrétiennes des villages. Sous le regard bienveillant du curé, ils organisent l’enseignement du catéchisme et assurent les célébrations en absence du prêtre. En effet, étant donné qu’il y a plusieurs villages, l’équipe sacerdotale programme les messes par rotation. Une rencontre mensuelle a lieu tous les premiers jeudis pour coordonner les activités mensuelles dans les stations secondaires.
            Le diocèse de Dassa-Zoumé dispose d’un centre catéchétique où sont formés périodiquement les catéchistes titulaires par secteur et par langue.
 
Les célébrations liturgiques :
            Le prêtre en paroisse célèbre en moyenne trois messes les dimanches. En effet, avec la diversité des langues les catégories de personnes et les stations secondaires, cela s’explique. Généralement, sur la paroisse, la première messe qui a lieu plus tôt est pour les locuteurs locaux, la deuxième pour les catéchumènes et la troisième pour les locuteurs francophones (dans les paroisses de ville). L’animation des messes est assurée par des chorales dans les différentes langues suivant une programmation préétablie et visée par le curé. Les célébrations sont assez dynamiques et dansantes sauf si la chorale grégorienne qui existe sur certaines paroisses. (Procession pour la quête, procession des offrandes, action de grâce…)
            En ce qui concerne les messe en semaine, il y a un petit noyau de chaque chorale qui assure l’animation à des jours définis.
            En outre, les messes de mariages après l’aboutissement de la procédure canonique, sont célébrées dans une ambiance festive très marquée. Néanmoins, il y a des célébrations de mariage à huis-clos.
            Il est à noter que l’on assiste à des guerres des  chorales qui manifestent des concurrences déloyales. (Certaines chorales pensent qu’elles sont plus importantes, du moins, plus anciennes que d’autres, et donc pensent s’arroger un certain privilège.)
            Par ailleurs, la célébration des obsèques se déroulent dans une ambiance de fête sauf s’il s’agit d’un enfant ou d’un jeune ou d’une circonstance particulière.
 
Le prêtre avec l’accueil et la visite des malades :
            La pastorale des malades en paroisse revêt une importance particulière. La visite aux malades manifeste l’amour du seigneur pour les malades et les personnes en grande fragilité. Elle concerne les personnes ne pouvant plus se déplacer vers l’église pour participer aux messes et autre rassemblement de prière ; en l’occurrence les personnes âgées ou personnes alitées par la maladie. Lors de la visite, il y a la possibilité de se confesser et de recevoir la communion pour ceux qui remplissent les conditions d’accès à ces sacrements.( Il faut dire que la discipline est très sévère en ce qui concerne l’accès aux sacrements.). La visite aux malades s’effectue aussi dans les hôpitaux de zone avec le concours des responsables d’hôpitaux. Aussi, deux ou trois fois par an, une messe est organisée dans l’enceinte de l’hôpital avec la bénédiction des nouveaux nés et des malades qui le souhaitent. Là où il y a la présence d’une communauté religieuse, le curé associe les religieuses à la pastorale des malades. Un calendrier est établi par zone pour avertir les malades et ceux qui s’occupent d’eux.

            En outre, l’accueil, dans les milieux ruraux comme c’est le cas dans notre diocèse est difficile à réglementer. Les gens arrivent à temps et à contretemps. Si quelqu’un vient et que le prêtre est occupé, il est capable de l’attendre quel que soit le temps que cela prendrait. (Généralement ce sont les questions de santé, de subsistance, d’ordre relationnel, de rejet, d’abandon…)
Il peut arriver que l’on vienne de nuit solliciter le curé pour une évacuation sanitaire.
 
Les ressources de subsistance du prêtre :
            Dans le diocèse de Dassa-Zoumé, le prêtre vit essentiellement de dons, des quêtes, des offrandes et des honoraires de messe. Vue que tout ceci est précaire, aléatoire et variant suivant les milieux, la tentation de vouloir choisir son milieu de mission est très grande. Du coup, beaucoup de prêtres peinent à affirmer leur foi en la providence divine qui n’a jamais cessé de se manifester.
            Personnellement je crois en la providence divine qui est à l’œuvre sans nier la difficulté à accueillir celle-ci dans certains contexte où elle n’est pas du tout évidente. Il faut pouvoir se remettre en cause et aussi approfondir le sens de la souffrance et du sacrifice dans notre ministère. C’est assez touchant de voir, dans un village, des paroissiens qui ont à peine de quoi manger, apporter au curé la meilleure part.
            Dans un diocèse rural comme Dassa, le prêtre doit apprendre à s’adapter aux réalités de son milieu de mission tout en travaillant à un mieux-être et en faisant la politique de ses moyens dans la transparence.

                                                                                                                                                          Abbé Yves-Marie Adéifè AFOUDA