Homélie du Père Jean-Michel Bardet dimanche 8 novembre 2020
Lorsque nous contemplons, lorsque nous projetons notre regard sur le monde, nous constatons bien malheureusement et bien tristement le manque de sagesse dans bien et bien des domaines !
Sagesse humaine, sagesse divine : voici bien les thèmes que nous pourrions retenir de ces textes liturgiques ce dimanche 8 novembre.
Tout d’abord, en écoutant cet évangile et cette parabole des dix jeunes filles, nous butons assez communément sur la conclusion : elle nous paraît si dur, si difficile à entendre, nous qui aimons déjà reconnaitre dans la figure de l’Epoux un Dieu Bon et Miséricordieux ; nous qui sommes si rapidement enclin à vouloir réconcilier le monde, ou en tout cas à en avoir le désir… (Parce que, pour ce qui est des actes, nous savons bien nos limites, nos faiblesses… et nos résistances.)
Oui, ne nous scandalisons pas trop vite de la fermeté de l’Epoux repoussant les jeunes filles insouciantes. Une fable de La Fontaine nous aide d’ailleurs à mieux l’entendre : non pas celle du corbeau et du renard, mais bien sûr celle du lièvre et de la tortue.
Il est des choses que nous ne rattraperons jamais, ne nous berçons pas d’illusion ! Et si le pape François insiste tant sur l’urgence de prendre soin de la Maison Commune, de la création comme il aime à la nommer, c’est bien qu’à un certain moment, les éléments et les faits sont irréversibles. Pensez donc à l’insulte lâchée violemment à la figure d’un ami, d’un parent : combien de générations vont devoir s’écouler avant que la paix puisse au moins être entrevue entre des êtres divisées. N’est-ce pas la même chose entre peuples et nations ?
Nous comprendrons également mieux l’insistance de l’Ecriture, en particulier dans cette première lecture, quant à demander la Sagesse : elle est à désirer, dès l’aurore, à tout moment. Elle se tient là, à notre porte, prête à s’offrir à homme qui la recherche.
Sagesse humaine, Sagesse divine : l’une ne saurait aller sans l’autre ; elles sont ensemble gardiennes du bonheur de l’homme.
Reconsidérons maintenant Saint-Paul ; il nous dit : « frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment dans la mort, comme ceux qui n’ont pas d’espérance. »
Pourquoi juxtaposer sagesse et annonce de la résurrection ? Parce qu’il y a la même promesse de vie, et de vie en abondance ! Chercher à accueillir la Sagesse, c’est avancer déjà en enfant de lumière, en fils de la Résurrection ; c’est en tout cas entretenir cette Foi, La Foi, telle une lampe que l’on alimente en prenant soin de ne pas la laisser s’éteindre.
Soyons donc vigilants ! Ne laissons pas notre conscience et notre intelligence à l’écart de la Sagesse et de son rayonnement : c’est notre humanité personnelle, et communautaire, qui sont en jeu.
Et si, bien malheureusement, nous faisons tous l’expérience terrible de nous retrouver démunis, avec une lampe éteinte, rappelons-nous alors comment agit la Sagesse de Dieu :
Elle a pris figure, elle est si familière.
Elle apparaît avec un visage bienveillant, celui de Jésus, celui du Christ, Sagesse de Dieu à nos côtés.
Et si la sagesse humaine, celle de La Fontaine par exemple, nous rappelle que bien souvent « rien ne sert de courir, il faut partir à point », souvenons-nous que le Christ a déjà fait la course en tête, et qu’il a « dépassé » toutes nos épreuves.
Raison de plus, non seulement de Le désirer dès l’aube pour qu’Il soit au plus proche de notre cœur ; mais aussi, avec humilité, raison de plus de nous en remettre à Lui lorsque nous désespérons, et de nous-mêmes, et des autres : Il est Lumière Eternelle ; en Lui, point de ténèbres ; avec Lui l’obscurité n’a plus d’avenir.
Jean-Michel Bardet, Curé