Homélie du dimanche 22 novembre 2020 Père Thierry Sauzay
Nous fêtons aujourd’hui le Christ Roi. Le Christ Jésus est bien roi en effet, mais nous le savons bien sa royauté n’est pas de ce monde. Jésus est bien roi, mais il n’est pas roi à la façon du monde. Il n’est pas roi à la façon des hommes, il ne cherche pas à attirer à lui une gloriole bien trop humaine. Tant de fois dans l’Evangile, il s’extrait vigoureusement des images que les hommes veulent trop vite projeter sur lui. Les textes d’aujourd’hui viennent non seulement confirmer cela, mais aussi éclairer ce que c’est qu’être roi au yeux de Dieu. Être roi, c’est être comme un berger qui prend soin de ses brebis, qui veille sur elles, les ramène quand elles se perdent, les guérit quand elles se blessent. Ce n’est pas pour rien que, dès le début de la royauté en Israël, Dieu avait choisi un jeune berger, David. A cette occasion déjà, il avait signifié au prophète Samuel, qu’il ne fallait pas regarder comme les hommes, que Dieu, lui, regarde le cœur. La royauté de Jésus est une royauté d’amour et de service. Le plus grand dans ce royaume, ce n’est pas celui qui a le plus d’argent, ce n’est pas celui qui a le plus de pouvoir ou d’influence, ou le plus de qualités, le plus grand, c’est celui qui, par amour, se fait serviteur.
La fin de la première lecture et l’évangile nous montrent aussi que dans ce royaume, il y a un jugement. C’est inévitable, car on ne peut faire partie de ce royaume sans s’en imprégner, sans en vivre. Les critères de ce jugement sont finalement assez simples: donner à manger, à boire, accueillir l’étranger, vêtir, rendre visite, tous les actes de miséricorde, de charité, de fraternité. Prendre soin du prochain. Nous serons jugés sur l’amour, disait mère Thérésa. Mais comme souvent avec les paraboles de Jésus, il est bon d’entrer un peu plus dans les détails. Ce qui est très frappant dans cette parabole, c’est l’attitude aussi bien des brebis que des boucs. Aux brebis, Jésus révèle le bien qu’elles ont fait dans leur vie, et elles en sont comme toutes étonnées: “quand est-ce que nous t’avons vu ? Quand sommes-nous venu jusqu’à toi ?”. Il y a une profonde humilité de ces brebis, car le bien qu’elles ont fait, elles ne l’ont pas engrangé pour elles-mêmes. Elles ont simplement mis la charité dans leur vie, se décentrant de leur propre existence.
Les boucs sont vraiment dans une attitude totalement contraire. On aurait pu, d’ailleurs imaginer une autre réponse de leur part, une autre suite dans la parabole. Entendant le jugement du roi, ils auraient pu ouvrir leur cœur, reconnaître cette lumière sur leur vie, et demander pardon. Mais non, ils sont surpris comme les brebis, mais cette surprise révèle en fait chez les boucs une suffisance, une fermeture du cœur, une prétention à toujours avoir été parfait: “Seigneur quand t’avons-nous vu, sans nous mettre à ton service ?”. Sous-entendu, nous l’avons toujours été ! Il y a chez ces boucs un refus manifeste de la miséricorde, refus d’exercer la miséricorde envers les autres, et refus de l’accueillir pour eux-mêmes, refus d’entre dans ce décentrement qu’est la charité.
Alors il nous est sans doute bon de recevoir ces textes, en ce temps d’épreuve et d’épidémie. Parce qu’ils nous recentrent sur l’essentiel. A l’image du Christ Roi soyons, nous aussi, de bons bergers les uns pour les autres.
Thierry Sauzay